La machine à écrire : Faut-il acheter ce nouveau magazine d’écriture créative ?

La couverture du numéro 1 de « la machine à écrire ».
Un magazine dédié à l’écriture créative, une première !

L’univers de l’écriture créative s’enrichit d’une nouvelle publication avec le lancement du premier numéro de La Machine à écrire, un magazine qui se veut un atelier d’écriture créative sous forme de revue. À 12,90 EUR pour 100 pages, ce magazine promet de démocratiser l’écriture en offrant des conseils d’auteurs établis et des exercices pour libérer votre créativité. Mais cette promesse est-elle tenue ? Faut-il investir dans ce premier numéro ? Dans cet article, nous allons passer en revue le contenu du magazine, ses forces, ses faiblesses, et déterminer s’il mérite sa place dans votre bibliothèque.

Un magazine aux rubriques (très) classiques

Beaucoup d’objets pour écrire, mais sont-ils tous nécessaires ?
Image générée par IA

La Machine à écrire se structure autour de rubriques familières que l’on retrouve dans la plupart des news magazines. On y trouve des recommandations d’objets autour de l’écriture, comme des lampes, stylos, et cahiers, qui, bien que sympathiques, ne se démarquent pas vraiment par leur originalité. Le magazine propose également des suggestions de lectures incontournables sur l’écriture, tels que La dramaturgie d’Yves Lavandier et Anatomie d’un métier de Stephen King, ainsi que des recommandations littéraires plus classiques (les romans à lire cet été). Malheureusement, les choix éditoriaux restent assez convenus, et les analyses proposées se limitent à une présentation en un paragraphe. Dans un magazine sur l’écriture créative et la publication, on aurait aimé une analyse de la technique, pour servir d’inspiration ou de modèle pour quelqu’un qui veut écrire.

Le dossier du mois : « Le Corps dans l’écriture »

Un groupe en écriture
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Le dossier phare de ce premier numéro est consacré à « Le Corps dans l’Écriture ». Ce sujet, pertinent et souvent exploré en atelier, permet au magazine de présenter Aleph-Écriture, un acteur majeur dans le domaine des ateliers d’écriture, ainsi qu’une de ses animatrices. Ce thème intéressera aussi les lecteurs qui s’interrogent sur l’influence du corps dans le processus créatif. Le dossier va jusqu’à donner la parole à des intervenantes en hôpital psychiatrique pour évoquer les ateliers thérapeutiques. Est-ce que cet aspect permettra aux lecteurs de se faire une bonne idée du déroulement des ateliers créatifs ?

La problématique de l’acceptation de son corps est devenue un sujet dans une partie de la société, le journal reflète donc cette interrogation, en sortant du cadre déjà difficile à définir de l’écriture créative.

Interviews et exercices : entre déblocage et secrets d’écriture

Une interview d'un auteur qui a réussi
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La Machine à écrire propose une série d’interviews avec des écrivains et des animateurs d’ateliers d’écriture, accompagnées d’exercices pratiques. Ces interviews sont classées en trois catégories : « Libérer son écriture » pour le déblocage, « Le cœur à l’ouvrage » pour les écrivains intermédiaires, et « Secrets d’écriture » pour ceux qui souhaitent s’inspirer des réussites d’auteurs établis. Cette classification est intéressante et reflète la typologie des participants d’ateliers. Les exercices proviennent souvent des livres publiés des intervenants. Le journal réserve dans ses pages d’exercices des espaces vides pour écrire ses propres textes sur des pointillés. Mais les exercices sont dispersés, sans autre ordre que l’apparition de leurs auteurs. Les lecteurs plus expérimentés, qui cherchent des pistes au-delà de simples exercices, restent sur leur faim.

Des questionnaires et des exercices hors sujet viennent gâcher cette volonté de démocratisation de l’écriture créative et spontanée. Vous trouverez des questions de conjugaison, de grammaire, des chasses aux fautes d’orthographe, même des questions de littérature ! Tous les animateurs insistent sur le fait que les ateliers ne sont pas des cours de français. Alors, pourquoi proposer de jeux de bien écrire, quand tout l’effort des ateliers repose sur le faire écrire ?

Analyse critique

Points forts

La Machine à écrire se distingue par sa volonté de démocratiser l’écriture créative, en rendant accessibles des concepts et des pratiques souvent perçus comme réservés à une élite littéraire. Le sommaire du magazine s’organise en trois niveaux. Ainsi, différents types de lecteurs, des débutants aux plus avancés, peuvent trouver des articles ciblés, ce qui en fait un outil potentiellement intéressant.

Points faibles

Cependant, plusieurs points viennent ternir cette ambition. Tout d’abord, le design pastel et la maquette parfois trop aérée donnent une impression de vide sur certaines pages, ce qui peut réduire l’impact visuel du magazine. Plus gênant, le recours exclusif à des photos issues de banques d’images ou fournies par les auteurs invités affaiblit l’identité visuelle du magazine. Sur le fond, le contenu reste globalement banal pour un participant un peu expérimenté. Les recommandations d’outils, ainsi que certaines séquences, semblent éloignées de l’écriture créative pure, contribuant à un sentiment de superficialité.

Ce journal, diffusé en librairie, ne s’affranchit pas des pratiques publicitaires qui consistent à insérer des pages de publicité des auteurs invités.

Avantages

  • Un magazine grand public sur un loisir créatif difficile à définir
  • Des exercices pour écrire
  • Des conseils d’écriture pour les débutants.

Inconvénients

  • Magazine brouillon, manque de classification claire.
  • Problème d’identité visuelle (pourquoi faire appel à une banque d’image ?)
  • Certains articles hors sujet des ateliers d’écriture créative (ateliers thérapeutiques, littérature générale, orthographe et grammaire)

Public cible

Du haut de cette pille de dictionnaires, 7 siècles d'écritures vous contemplent écrire. Bon courage !
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La difficulté majeure de ce magazine réside dans la définition de son public cible. Pour les débutants, le contenu paraît touffu et mal organisé, avec des informations qui manquent de clarté ou de structure. Pour les écrivains intermédiaires, le magazine n’apporte que peu de nouveautés. Du côté des écrivains avancés, les 12,90 EUR pourraient être mieux investis dans un livre technique sur l’écriture.

De plus, La Machine à écrire peine à s’affranchir du biais français qui consiste à aborder l’écriture créative par le prisme de la « littérature contemporaine », comme c’est souvent le cas avec Aleph-Écriture. On retrouve ainsi Marguerite Duras, une figure certes respectée, mais éloignée de « l’écriture plaisir » que le magazine revendique pourtant ailleurs. Cette approche académique risque de couper le magazine d’une audience plus large, celle qui recherche avant tout une expérience d’écriture ludique et accessible, plutôt qu’un engagement littéraire plus formel.

Conclusion : faut-il acheter ce magazine ?

Un groupe sympathique d'écriture, sans machine à écrire
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La Machine à écrire propose une introduction accessible au monde de l’écriture créative. Dommage que son contenu laisse sur leur faim les écrivains plus avancés. Avec ses rubriques classiques, son dossier du mois, et ses interviews accompagnées d’exercices, le magazine s’adresse avant tout aux débutants curieux de découvrir les bases de l’écriture créative ou aux amateurs cherchant à diversifier leurs lectures sur ce sujet. Pour approfondir ses compétences autant investir dans d’autres ressources, comme un bon livre technique ou nos ateliers d’écriture

En conclusion, cet avis complet sur La Machine à écrire montre que ce premier numéro réussit à démocratiser l’écriture créative, mais peine à s’affirmer comme un outil indispensable pour tous les niveaux d’écrivains. Si vous êtes débutant ou simplement curieux, ce magazine mérite un coup d’œil. Pour les autres, il pourrait être plus judicieux de passer directement à des ressources plus spécialisées.

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